Mes référentiels théoriques
Ma posture professionnelle s’appuie sur une base théorique solide, construite au fil de mes formations, de mes lectures, de mes recherches et de mes expérimentations. Il ne s’agit pas d’un cadre unique ou figé, mais d’un référentiel composite et évolutif, qui croise différents courants de pensée et de pratique, dans une volonté de cohérence, de rigueur et de justesse.
Plutôt que d’opposer les disciplines, j’opte pour une approche intégrative, fondée sur la complémentarité des regards. Cela me permet de m’adapter à la complexité des réalités vécues par les personnes que j’accompagne, tout en cultivant un positionnement éthique, critique et situé.
Mon référentiel théorique : une approche plurielle et intégrative
Mon modèle général : du bio-psycho-social au bio-psycho-social&environnemental
⁛ Je m’appuie sur le modèle bio-psycho-social, enrichi d’une dimension environnementale et contextuelle. Ce modèle me permet d’intégrer à la fois :
◈ les facteurs biologiques et médicaux (fonctionnement du corps, pathologies, symptômes),
◈ les facteurs psychologiques (émotions, cognition, vécu subjectif),
◈ les facteurs sociaux et relationnels (identité, rôles sociaux, dynamiques familiales),
◈ et les facteurs environnementaux, souvent oubliés (mode de vie, habitat, écologie, climat, justice sociale, inégalités).
Je mobilise également le cadre de la cognition incarnée, selon lequel notre vécu psychique est indissociable de notre corps, de notre histoire, et de notre environnement matériel, culturel et social. Ce concept s’intègre pleinement au sein du modèle.
Une base en psychologie intégrative et psychologie de la santé
⁛ Formée à la psychologie de la santé, j’intègre ses notions à mes pratiques. Mon approche est aussi nourrie par une psychologie intégrative, qui ne rejette aucun courant théorique (psychanalyse, TCC, humanisme, systémique, etc.) mais en extrait les apports utiles dans une visée pratique, bienveillante et ancrée.
J’utilise notamment les apports de :
◆ L’ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement), pour l’approche centrée sur les valeurs, la flexibilité psychologique, l’acceptation et l’engagement dans l’action. Cette TCC de 3e vague s’inspire des traditions orientales. Et elle correspond point par point à la pratique “psychologique” du yoga, mais à l’avantage d’avoir été très étudiées et éprouvées scientifiquement dans plein de situations de santé.
◆ Les TCC, pour les outils d’observation, de restructuration cognitive, de gestion émotionnelle,
◆ La thérapie systémique, pour l’analyse des dynamiques relationnelles et contextuelles,
◆ La logothérapie, pour sa capacité à remettre du sens là où la souffrance a pu en dérober le fil,
◆ L’écriture-thérapie et l’art-thérapie, dans leur dimension de mise en forme du vécu, d’expression et de transformation.
◆ La psychologie positive, pour ses études rigoureuses sur les méthodes et ressources permettant d’accéder à un bien-être durable
◆ Et de nombreux autres ressources et outils.
La yoga thérapie, une pratique de santé intégrative
⁛ Ma pratique s’inscrit dans une logique de santé intégrative, où les savoirs conventionnels et complémentaires s’articulent au service du mieux-être de la personne.
Le yoga thérapie constitue pour moi un socle fondamental : il réunit le travail corporel, respiratoire, psychologique, sensoriel et spirituel. Il est également un chemin d’intériorité et d’émancipation, capable de réhabiliter la relation à soi, au corps, à l’autre et au monde.
Mon approche puise également dans différents types de méditation (pleine conscience, MBSR, méditation sensorielle, transcendantale…) que je mets au service du développement de la présence, de l’apaisement, de la régulation émotionnelle et de la reliance.
Un engagement éco-sensible et critique
⁛ Mon référentiel inclut des approches critiques et politiques du soin et du bien-être :
◆ L’écopsychologie et l’écoféminisme m’invitent à penser le soin en lien avec notre rapport au vivant, aux écosystèmes, à la Terre.
◆ La communication bienveillante (inspirée de la CNV) m’aide à construire des espaces d’écoute, de respect et de sécurité dans les accompagnements.
◆ La notion d’intériorité citoyenne me pousse à relier transformation intérieure et transformation sociale : cultiver une vie intérieure, oui — mais pour mieux habiter le monde et contribuer à sa transformation.
◆ Mon éthique personnelle est profondément tournée vers la collaboration, l’entraide, l’équité et le partage comme socles d’une société juste et respectueuse de tous les vivants.
Une posture partenariale, ancrée dans la démocratie en santé
⁛ Enfin, ma posture est traversée par mon engagement dans la démocratie en santé et le partenariat patient-soignant. Je m’appuie sur les travaux autour des savoirs patients, de la légitimité expérientielle, de la co-construction du soin et de la transformation des pratiques médicales.
Je crois en une santé plus humaine, plus juste et plus collaborative, et j’œuvre à mon échelle à rendre cette vision concrète dans mes interventions comme dans mes accompagnements.
Mon modèle Bio-psycho-social&environnemental
Le modèle bio-psycho-social-environnemental : une vision élargie de la santé
Un modèle enrichi par la cognition incarnée et la dimension environnementale
⁛ Je m’appuie sur une lecture élargie du modèle bio-psycho-social (développé par George Engel en 1977), auquel j’intègre pleinement une dimension environnementale et le concept de cognition incarnée. Cette approche vise à dépasser les visions réductionnistes de la santé pour en proposer une lecture globale, située et intégrative, en accord avec mon éthique.
Dans le modèle original, la notion d’environnement est inclue dans les déterminants sociaux, néanmoins il s’agit selon moi d’une extrême minimisation de l’impact de l’ensemble des déterminants environnementaux sur la santé.

Les quatre dimensions interconnectées
Biologique
⁛ Inclut les mécanismes internes du corps :
◆ Génétique, âge, sexe
◆ Système nerveux, immunitaire, hormonal
◆ Inflammation, douleurs, fatigue
◆ Activité physique, sommeil, médicaments
→ Ces facteurs ne sont pas isolés mais interagissent avec les autres dimensions.
Psychologique
⁛ Prend en compte :
◆ Émotions, stress, schémas de pensée, perception de la douleur
◆ Estime de soi, motivation, stratégies de coping
◆ Capacités d’adaptation, auto-efficacité
→ Le vécu subjectif est central dans la compréhension du rapport à la maladie.
Sociale
⁛ Intègre les influences liées au contexte de vie :
◆ Relations interpersonnelles, famille, communauté, soutien social
◆ Contexte professionnel, éducation, loisirs
◆ Statut socio-économique, accès aux ressources
→ Le social façonne profondément l’expérience du soin, du symptôme et de la santé.
Environnementale (ajout de mon approche)
⁛ Intègre deux sous-dimensions :
◆ Santé environnementale directe : exposition aux toxiques, qualité de l’air et de l’eau, perturbateurs endocriniens, conditions de logement, alimentation, produits domestiques, urbanisation, lumière/son, numérique…
◆ Environnement global et écosystémique : climat, biodiversité, ressources naturelles, catastrophes, géopolitique…
→ Ces dimensions sont souvent invisibilisées dans les modèles classiques, alors qu’elles impactent profondément la santé.
L’intégration par la cognition incarnée
“La cognition ne se réduit pas au cerveau, elle est incarnée dans un corps, immergée dans un environnement, façonnée par une histoire.” – Inspiré d’Albert Moukheiber.
La cognition incarnée vient tisser l’unité de ces dimensions : notre corps, nos pensées et nos émotions sont inséparables de notre environnement matériel, relationnel et symbolique.
Ainsi, on ne peut pas penser la douleur, la maladie, la santé ou le soin sans les replacer dans un contexte élargi.
En quoi ce modèle diffère du modèle bio-psycho-social classique ?
Modèle Bio-Psycho-Social (classique) | Modèle Bio-Psycho-Social-Environnemental (intégré) |
Centré sur l’individu | Replace l’individu dans son écosystème |
Souvent limité à l’environnement social | Intègre les dimensions écologiques, climatiques, numériques, matérielles |
Peu d’intégration des questions politiques, structurelles ou économiques | Considère les rapports de pouvoir, les normes, la précarité, l’accessibilité |
Cognition vue comme cérébrale | Cognition comme processus incarné, interactif, situé |
Une approche au service d’une santé intégrative, inclusive et située
⁛ Ce modèle me permet :
◆ D’élaborer des accompagnements globaux, sensibles aux multiples déterminants de la santé
◆ D’intégrer la complexité du vécu des patient·es, sans réduction à un symptôme ou un diagnostic
◆ D’articuler médecine, psychologie, environnement et société
◆ D’intervenir autant dans une visée thérapeutique, éducative que préventive
Le principe de cognition incarnée
La cognition incarnée : penser avec le corps, le monde et le vivant
“Ne pas envisager seulement la situation individuelle sans le contexte social, culturel, économique, politique où a émergé sa souffrance ou ses problèmes.” – Selma Sardouk
Cette citation résume une conviction centrale dans ma pratique : la santé, la maladie, le bien-être ou la souffrance ne sont jamais isolés à la « tête » ou au « corps ». Ils s’inscrivent toujours dans un contexte, avec un dialogue permanent entre le corps, la cognition et l’environnement.. Et ce contexte ne se réduit pas à notre histoire personnelle : il comprend notre environnement social, matériel, culturel, politique, écologique, autrement dit notre monde.
Cette vision s’incarne dans un concept que je mobilise souvent : celui de la cognition incarnée.
Qu’est-ce que la cognition incarnée ?
La cognition incarnée (ou embodied cognition) est un courant des sciences cognitives et de la psychologie qui considère que :
◆ Nous ne pensons pas qu’avec notre cerveau, mais avec notre corps.
◆ Nos pensées, émotions, ressentis sont influencés par notre posture, notre santé, notre respiration, notre fatigue…
◆ Notre cognition est aussi façonnée par notre environnement : ce que nous vivons, où nous vivons, avec qui nous vivons, dans quelles conditions sociales ou climatiques nous évoluons.
“La cognition doit être perçue à travers le prisme d’un système dynamique constitué du corps et du cerveau, l’état de l’un influençant directement l’autre. (…) Et la cognition incarnée ne s’arrête pas au corps – qui inclut le cerveau – car lui aussi s’incarne dans un environnement, dans un contexte environnemental (géographique, social, culturel…). La cognition incarnée s’y étend.” – Albert Moukheiber
Un modèle dynamique : corps – cognition – environnement
La cognition incarnée remet en cause l’idée d’un individu isolé, qui réfléchirait ou déciderait “hors sol”. Elle propose au contraire une co-construction constante entre :
◆ L’environnement qui influence le corps, qui influence la cognition (pensées, émotions, comportements)
◆ Un environnement toxique ou oppressant (social, matériel, sonore, climatique…) fatigue le corps.
◆ Un corps fatigué, stressé ou malade va moduler notre perception, notre humeur, notre capacité à réfléchir ou à prendre des décisions.
◆ Cette cognition modifiée peut alors influencer nos comportements, nos rapports aux autres, notre manière d’interagir… ce qui impacte de nouveau notre environnement.
Ainsi, le corps est un médiateur entre le monde et l’esprit.
Écouter son corps, c’est écouter le monde
Dans cette perspective, les symptômes ne sont pas de simples “dysfonctionnements”. Ils sont des signaux d’alerte, des formes de langage par lesquelles le corps nous dit :
◆ Ce que notre environnement nous fait vivre
◆ Ce à quoi nous nous adaptons, souvent au prix de notre équilibre
◆ Ce qui, dans notre mode de vie ou nos conditions de vie, mérite d’être ajusté
“Un corps fatigué ou malade reflète un environnement fatigué ou malade.”
Le soin passe donc par un double mouvement :
◆ Écouter son corps
◆ Agir sur son environnement pour agir par prolongement sur son corps
Cela peut concerner : la qualité de l’air de son logement ou de l’alimentation, mais aussi l’organisation du temps, le soutien social, les rythmes de travail, la charge mentale, les valeurs sociales, le rapport au vivant…
Une lecture élargie du soin
⁛ La cognition incarnée nous invite à sortir de visions individualistes et culpabilisantes du soin (du type : “si tu vas mal, c’est que tu ne fais pas ce qu’il faut”).
Elle ouvre la voie à :
◆ Une approche plus systémique de la santé et du bien-être
◆ Une reconnaissance du rôle de l’environnement dans la souffrance et la guérison
◆ Une redéfinition de ce que signifie “prendre soin de soi” : ce n’est pas se couper du monde, mais le transformer à hauteur d’humain.
Références majeures
Auteurs de référence
⁛ Voici quelques-uns des auteurs et travaux qui constituent une base importante de mon référentiel :
◆ Psychologie et santé, Boris Cyrulnik, Bessel Van Der Kolk, Peter Levine, Antonio Damasio, François Bourgognon, Dr Christophe André, Albert Moukheiber, Steven C Hayes, John Bowlby, Jean-Louis Pedinielli, Antoine Bioy, Isabelle Filliozat, Margot Fried-Filliozat, Thomas d’Ansembourg, Carl Gustav Jung, Olivia Gross, Martine Ruzniewski, Grégory Ninot, Catherine Tourette Turgis…
◆ Yoga, Ysée Tardan-Masquelier, Marc Ballanfat, Lionel Coudron, Mark Stephens, Marie et Philippe Amar, Pankaj Saini, Maitri, Laura Staton, Samuel Ganes, Bernadette de Gasquet, Julie Portanguen, Céline Miconnet
◆ Méditation, philosophie et sagesse, Fabrice Midal, Matthieu Ricard, Alexandre Jollien, Christophe André, Jon Kabat-Zinn, Marianne Chaillan
◆ Anthropologie et sociologie, Pascal Picq, Ysée Tardan-Masquelier (également dans une approche comparatiste des spiritualités), Caroline Nizard, Eve Gardien, Patrick Lartiguet, Camille Simard Legault, Anne-Cécile Hoyez
◆ Éthique et critique des normes, Camille Teste, Marie Kock, Eva Illouz, Zineb Fahsi
Une démarche d’auto-formation continue
⁛ Mon approche s’ancre dans un travail constant et quotidien de lecture, de veille et de recherche. Je consacre une grande partie de mon temps à étudier des ouvrages, des articles, des thèses et des travaux scientifiques, philosophiques ou pédagogiques qui nourrissent mes réflexions et structurent ma pratique.
Je m’inscris dans une démarche d’auto-formation rigoureuse, qui complète et approfondit mes formations universitaires ou professionnelles. Cette pratique autodidacte me permet de croiser les disciplines, de rester informée, et de m’adapter aux évolutions des connaissances et des besoins des personnes que j’accompagne.
C’est aussi un choix éthique : ne pas se figer dans un savoir acquis, mais cultiver un regard en mouvement.